Accueil Carnet de voyage Mongolie, En selle avec les nomades

Mongolie, En selle avec les nomades

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Randonnée équestre avec les nomades en Mongolie

Gengis Khan aurait dit que les Mongols doivent naître sous la yourte et mourir à cheval. Héritiers d’une histoire qui les a vus soulever ensemble la poussière de l’Eurasie, les cavaliers mongols et leurs montures voient leurs destins entremêlés. Marc Alaux a voyagé deux ans et demi à leurs côtés ; il témoigne…

Nergui apprécie la fougue, voire l’indocilité de sa monture. Comme ses concitoyens, cet éleveur du centre de la Mongolie préfère canaliser l’énergie équine que la brider, et pour cause : dans la steppe, un cheval doit rester autonome, survivre sans affouragement, chercher son alimentation sous la neige quand il fait -40°C, se défendre des loups, retrouver son chemin en ramenant à la maison l’enfant perdu ou le cavalier ivre…

Autonomie et puissance

Les chevaux sont-ils conscients de cette force ? On peut le croire car quand le bétail est à l’abreuvoir, ils ruent et mordent pour rappeler qu’ils ont la préséance et s’hydratent les premiers… Mais leur fidélité aussi est réputée : on voit parfois, au milieu de la steppe, un cheval patienter, immobile, à côté de son cavalier qui, de retour d’une fête trop arrosée s’est endormi après avoir chuté.

Ce même enthousiasme pour l’indépendance des chevaux, je l’ai observé tout au long des 7 000 kilomètres que j’ai parcourus à pied en deux ans et demi à travers la Mongolie – flanqué de chevaux de bât durant plus de huit mois de route. Avec eux, j’ai connu la libre et quotidienne effervescence d’émotions du voyageur. L’alchimie de la caravane fédérait ses éléments en frères de route : nos jambes se nourrissaient du même souffle, nous étions les rayons d’une même roue. Je n’avais cure de chevaucher, même si je l’ai fait parfois ; je m’intéressais à celui qui chevauche. La clé de ma compréhension de la steppe est là, dans l’écoute et la découverte. La Terre des herbes et ses chevaux, mais plus encore ses gens, me sont devenus chers. Ainsi, je n’ai rien oublié du regard qu’ils m’ont amené à poser sur leur culture, à laquelle la fréquentation du cheval introduit magnifiquement.

Tribus nomade en Mongolie
Voyage en Mongolie

L’intérêt des Européens pour les chevaux mongols est récent. Quand l’ethnocentrisme des explorateurs des xixe-xxe siècles classait le monde selon des critères évolutionnistes, aucune beauté ne leur était reconnue. Encolure brève, tête lourde et hirsute, jambes grosses et courtes (1,30 m au garrot pour 280 kg), tout était jugé laid ou difforme dans ces animaux pourtant superbes de résistance. Leur sobriété et leur endurance, leur capacité de portage et leur polyvalence n’ont pas échappé à certains : à partir du xve siècle, les Chinois devinrent friands de ces montures trapues et les échangèrent contre ces deux marchandises précieuses qu’étaient la soie et le thé ; les militaires japonais dans les années 1930 puis l’Armée Rouge pendant la Deuxième Guerre mondiale les ont eux aussi utilisées par centaines de milliers.

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